Un VRP imprudent
Nicolas Sarkozy voyage, en Chine, en Algérie, en Inde. Partout, il est suivi par Anne Lauvergeon, présidente d'Areva, prête à louer la technologie nucléaire française reconnue mondialement comme une des meilleurs.
Ainsi depuis l'élection de N Sarkoy, des projets voient le jour dans de nombreux pays du bassin méditéranéen, dont certains sont dirigés par des politiques ou des militaires pas forcément recommendables. Les derniers pays approchés sont la Lybie, l'Algérie, l'Egypte, le Maroc mais également quelques pays du Golfe persique comme ll'Arabie Saoudite, Abou Dhabi.
L'atome qui faisait peur est de nouveau en vogue. Il est vrai que l'énergie nucléaire n'est pas dépourvue de qualité dans un monde énergétique ou les réserves d'énergie fossile se raréfient. Cependant, la filiaire nucléaire est à la fois suffisant complexe et non sans risque de détournement de la technologie civile vers des fins militaires pour qu'un maximum de précautions soient prises dans le cadre de l'installation de centrales dans certains pays.
On est alors en droit de se demander quelles sont les motivations profondes de Nicolas Sarkozy à mettre tant de bonne volonté jouer le VRP de l'atome :
---> Souhaite-t-il damer le pion aux Etats-Unis contrant WestingHouse autre grand vendeur de centrales nucléaires clé en main, ou s'affirmer auprès de l'Allemage soucieuse de l'avenir de Siemens ?
---> Veut-il prendre une longueur d'avance diplomatique dans les pays du magreb et dans le golfe persique, flattant ces pays, leur accordant la confiance de la France ?
---> Veut-il remplir le carnet de commande d'Areva, dans une période ou des incertitudes planent sur la recomposition du capital de l'entreprise ? Il est vrai qu'un carnet de commandes plein à craquer ne déplairait pas aux prétendants (Alstom, Bouygues) à la prise de participation dans Areva. Certains de ces prétendants comme Bouygues qui trouve ainsi des marchés très conséquents de gros oeuvre des batiments réacteurs des centrales, seraient ravis de l'opération et "rentabiliseraient" ainsi à plein leur soutien à N Sarkozy durant la campagne présidentielle. Car en fait, même si tous ces pays ont des arguments légitimes pour accéder à l'énergie, il n'est pas sûr que certains pays disposant de ressources naturelles soient les pays pour lesquels la construction de centrales nucléaires est indispensable dans l'immédiat. Il se trouve que ces pays sont largement solvables et sont intéressants pour les pays européens afin d'asssurer encore pour plusieurs années une fourniture conséquentes de produits pétroliers indispensables à l'économie européenne. Un échange économique de cette envergure est alors plus profitable pour les pays européens
Quelles que soient les motivations louables ou criticables de N. Sarkozy, il est étonnant d'assister à ce démarchage solitaire du chef de l'état Français dans un silence internationnal assourdissant. La question traitée est trop importante pour qu'un seul chef d'état reste ainsi libre de mener ces changements stratégiques. Certes, quelques protestations allemandes et l'expression de préoccupations scandinaves ont été émises. Mais cela est bien faible face aux enjeux.
Il serait souhaitable que l'Union Européenne, mais également de l'AIEA (Agence Internationnale de l'énergie Atomique) et le WEC (Conseil Mondial de l'Energie ou Word Energy Council), transmettent des réactions voire des contres-propostion.
Il serait également souhaitable que le débat soit ouvert en France, à la fois au niveau politique (un débat à l'assemblée Nationale serait intéressant), mais également dans l'opinion afin que les vrais problèmes soient présentés aux Français et non masqués par "le poid des mots et le choc des photos" d'un président et de sa starlette de compagne.